je sais bien que tu t’éloignes.
laisse-moi encore un peu de temps,
le temps de faire semblant.
tes murs sont décrépis, laissent place à une ville que je ne connais pas, à un horizon décousu, à un ourlet de robe défait.
tu as disparu de mes rêves, emportant avec toi le souvenir improbable de mon père.
mon Faubourg,
mon premier
mon ultime amour
ma niche d’oubli
le sein qui m’a nourri
mon caillou blanc ma sieste calcaire mes jours poreux
mon lit consumé et injustifiable
probablement engloutis à jamais, de mes souvenirs étouffés
ne persiste qu’une vague odeur de brûlé
je tends l’oreille :
la crevasse continuera à déverser son flot continu d’histoire du monde
en silence